Salut toi,

je vais commencer par un merci. Merci pour les gentils mots à propos de la lettre numéro 13, parce que apparement elle t’as plu et beaucoup d’entre toi m’en ont parlé, en vrai ou par mail. Ça fait toujours plaisir de savoir qu’on est lu et que ça peut plaire. Je prends ça comme une validation pour continuer à polluer ta boîte mail toutes les semaines.

Là, je suis en vacances. Depuis vendredi (ou hier, si tu lis tes mails le samedi). Je vais essayer de ne plus devoir toucher mon ordi ou de me trouver à proximité d’un écran durant ces quinze prochains jours. Un vrai break (si on était sur YouTube il y aurait un montage avec une répétition du mot BREAK / BREAK / BREAK et un zoom-in sur le-la YouTubeu-r-se en question). Depuis 2004, l’année où on s’est jetés dans la gueule du loup avec Pierre, quand on a lancé notre studio de design graphique et qu’on est devenus « chefs d’entreprise », direct après l’école, sans filet, je pense que je n’ai jamais passé plus d’une journée sans un écran. Déjà parce que, dans mes souvenirs, les trois premières années, on n’a pas pris de vacances, on bossait (à peu près) tout le temps. Et juste après ces trois années de dur taf pour faire exister PLMD, l’iPhone a débarqué et il n’a jamais quitté ma poche. Pour reprendre les mots de Chandler Bing (mais lui c’était à propos de la cigarette) « c’est la partie manquante de ma main, avec lui je me sens complet », toujours en train de bosser, envoyer un mail, répondre à un message, faire avancer un projet. Je suis donc connecté en permanence depuis 2007 (on peut même remonter à 1996, quand j’ai eu internet dans ma chambre d’ado) et quand t’es à fond dans ce que tu fais, que t’es ton propre patron — même si j’ai toujours préféré la formule « ton propre employé » c’est plus proche de la réalité — c’est impossible de lâcher prise complètement. Et c’est encore plus difficile dans les métiers créatifs où c’est précisément dans ces moments de lâcher-prise et d’errance que ton cerveau se décide à te fourguer plein de super idées. J’ai donc toujours trouvé un moyen de déverrouiller l’iPhone et noter cette super idée dans Evernote, envoyer un truc, poser une question parce que « ça pouvait pas attendre », retourner voir si j’ai eu une réponse parce que « ça pouvait pas attendre ». Ça fait dix ans que j’associe le mot « idée » avec le geste « déverrouiller l’iPhone ».

Damien AA / Instagram

L’expérience JVLMP (Je Vais Lâcher Mon Phone).
Comme le disais Balmeyer dans son ancienne bio, on va voir ce que ça va döner. J’ai mon carnet qui ne me quitte de toutes façons jamais. Si je dois noter un truc, je le fais avec mon Pilot G–2 (mon obsession pour ce stylo on en parlera un jour). Une idée, un rendez-vous, un truc con, un sujet pour une prochaine petite lettre ou simplement les trucs cool du jour, boom, carnet.
J’ai mon Mju-II qui ne me quitte de toutes façons jamais. Si je dois faire une photo, je ne dégainerai pas VSCO ou Instagram, je ferai une bonne vieille photo argentique. Ce sera même encore mieux, je pourrais légitimement me sentir plus photographe que jamais!
Et en fait c’est tout. Je n’ai besoin de mon téléphone pour rien d’autre (sauf pour faire le débile sur Snap ou Twitter mais ça peut attendre 15 petits jours, je reviendrai vite). Je l'utilise aussi un peu pour passer des coups de téléphone. Mais plus personne ne fait ça. Si?

Donc, ça y est, sur ce, j’y vais, salut, je vais partir sans téléphone, avec la famille, au lac ou en camping, dans la campagne Famennoise où on va retaper un vieux chalet. Et je te laisse avec la nouvelle chouette playlist de Xavière, notre « playlist curator » parisienne. Ça s’appelle Reservoir et c’est déjà la numéro 6.

Alors, profite,
D.AA.

Note 1. Je veux bien t’envoyer une petite lettre « en vrai », si tu me donnes ton adresse postale — et si tu n’es pas un million.

Note 2. Il y aura quand même une exception à tout ça, c’est It It Anita en concert le 29 juillet au Zwart Goud à Maasmechelen, je vais sans doute check mon téléphone ce jour là.
Et puis le 4 et 5 août c’est le Micro Festival à Liège. On s’y verra en vrai ce sera chouette.

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