English version on Luik Stories
On a sorti notre album “Sauvé” le 2 avril 2021, il y a donc tout juste deux mois. C'est le moment idéal pour poster un petit retour sur la conception du clip de ”MORE” sorti le même jour. Ce texte est écrit par Maureen, avec qui j'ai eu la chance de co-réaliser le clip.
Je crois que c’est parti d’un message de Damien sur le Slack du style “T’es chaude on fait un clip pour MORE. C’est pour dans deux semaines.” J’ai évidemment répondu “Allez!”
Le pitch de départ c’était: une idée simple et efficace. On a très vite voulu péter des trucs parce que ça parle de surconsommation et il fallait quelque chose de fort au climax comme le morceau est construit en montée. Puis si possible avoir un deux roues motorisé pour faire un clin d’œil au break moto que Mike joue à la guitare à 01:40. Les idées ont fusé dans tous les sens. Mon persona de prod a pensé “Ok, on a peu de temps, on peut pas partir dans des délires qui nous demandent plus d’un jour de tournage”. Il fallait donc que nos différentes scènes puissent se tourner dans un même périmètre.
Par je ne sais quelle manigance céleste, je repense à cette roulotte dans laquelle on traînait avec mon frère pendant nos années de glande adolescente. Ca faisait des lustres que j’y étais pas retournée donc aucune garantie qu’elle s’y trouve toujours. Je demande alors à ma mère de vérifier car elle habite encore dans le coin et là elle me répond “quelle roulotte?” (J’avais au moins la confirmation que notre planque de l’époque était parfaite). Pas le choix donc, deux jours après je fais l’aller-retour. La roulotte était bien là, elle n’avait pas bougé d’un centimètre mais elle était encore plus belle que dans mon souvenir car la nature avait continué de gagner du terrain. Sur le moment c’était une évidence, il fallait qu’on tourne là – puis mon côté pratico-pratique était ravi car on avait à portée de main cette roulotte mais aussi un champ, un bosquet, un terrain vague et la maison familiale pour la pause lunch. Il fallait maintenant partir du lieu pour construire l’histoire avec ces différents éléments.
Deux potes en campagne qui zonent, se font chier, cassent des trucs et qui avec l’adrénaline finissent par se pécho. Bon bah on avait plus qu’à trouver ces deux potes partant pour un dimanche champêtre et rock devant notre caméra. (ah oui et trouver des trucs à casser). Dans l’équation il restait encore beaucoup d’inconnues : les acteurs, mais aussi la météo (qui chacun sait, en Belgique, en mars…), le fermier à qui appartient le terrain qu’on n’a jamais pu joindre pour avoir une autorisation qui pouvait débarquer à tout moment pour nous mettre un coup de chevrotine et toutes ces choses comme un éclat de verre dans la caméra ou dans l’oeil qui pouvaient faire que ce tournage parte complètement en couille. On peut dire que la chance a été de notre côté. Et je me permets de quoter Orelsan : Si tu veux faire des films, t’as juste besoin d’un truc qui filme. J’ai été assez soulagée quand on a dit “It’s a wrap” mais on n’était pas encore au bout du chemin.
Finalement entre le scénario et le résultat final il ne reste plus que le stricte minimum. Déjà parce que sur le tournage on s’est laissé porté par l’énergie du moment et on était assez confiant·e·s d’avoir suffisamment de plans intéressants même si on a laissé tomber près de la moitié des scènes. Idem au montage, certaines séquences filmées ont sauté parce que plus qu’une histoire qui va d’un point à un autre en passant par telle ou telle étape, c’est une ambiance générale et une montée qu’on a voulu construire. Mais comme je le disais, l’essentiel est toujours là. Comme il s’agit d’une coréalisation entre Damien et moi, on a voulu se coller tous les deux au montage (au même titre qu’on se passait la caméra sur le tournage). C’est, je crois, une chose peu orthodoxe à faire dans la discipline, surtout sur une vidéo si courte, mais je pense qu’on a réussi à y insuffler le meilleur de chacun·e. On s’est chacun·e chargé·e d’une partie et l’autre venait y faire des ajustements, proposer des idées, etc. Comme forcément, il a une autre connaissance que moi du morceau, son apport sur la rythmique du montage a aussi été considérable. Et puis il a dealé avec mes phases de doutes et de stresse et ça aussi, c’est considérable.
Une fois accordé·e·s sur le montage final (et m’être arraché les cheveux sur un étalonnage approximatif car c’est clairement pas mon métier), j’étais contente mais pas entièrement satisfaite et impossible de trouver pourquoi. On prépare l’upload avec la vidéo telle quelle, de toute façon à un moment il faut lâcher l’affaire, accepter que sur une réalisation quelle qu’elle soit on a toujours l’impression que c’est pas fini et qu’on pourrait sans doute faire mieux et de toute façon la deadline approche. Jusqu’à me réveiller à 5h du mat à quelques jours de la sortie… Il faut tout passer au format 4:3 (c’est le format d’image que j’ai toujours préféré faire avec une petite Hi8 qu’on m’a longtemps prêté). Ca a plus de sens avec la façon dont on veut raconter cette histoire – d’ailleurs c’est frappant au moment de recadrer les images que c’est comme ça qu’on avait filmé (inconsciemment) et que rien d’intéressant ne se passait sur les bords. Alors ça dégage, on resserre tout et on se retrouve enfin à la bonne distance de nos personnages. On est avec eux. Damien est du même avis. C’est bon, cette fois, on lâche l’affaire.
Voici le résultat :
Ce texte a d'abord été écrit pour Luik Stories.
Et tu peux écouter ou acheter notre album “Sauvé” en cliquant ici.
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