8 janvier 20212 Comments

Ranger les lignes

Je n'ai pas encore réussi à rentrer le moment "écrire l'article du jour" dans la routine de mes journées. J'ai les Morning Pages, déclenchées par la préparation du café filtre du matin, j'ai le post quotidien sur Chair Journal, déclenché par je sais pas quoi, mais sans doute parce que j'y pense tous le temps, donc je le fais, et puis j'ai encore 2-3 trucs divers que je que je fais tous les jours. Mais l'écriture de l'article du jour, c'est pas encore fluide. Ça va venir.

Je cherche à faire rentrer ça dans une routine pour ne plus y penser. Ou plutôt, y penser constamment sans y penser, pour que ça devienne un réflexe de saisir les choses qui m'ont éveillé la veille et les synthétiser en quelques lignes dans le post du lendemain.

Pour ça, et pour s'améliorer dans une discipline, essayons de nous poser à nos bureaux, ateliers, studios, tous les jours à la même heure, faisons, et voyons ce qui arrive.

Et me poser à mon bureau, c'est ce que je n'ai pas du tout eu le temps de faire aujourd'hui — parce que le vendredi c'est ravioli — si tant est que "ravioli" veuille dire "le bordel dans l'agenda". Et donc, toute la journée, j'ai dû faire plein de truc de ravioli mais à 18:00 je n'avais toujours rien à dire ni écrire. Finalement je prends le temps de me poser à mon bureau, sans savoir ce que je voulais écrire.

J'ai ouvert mon carnet et la dernière note était issue d'un message de message de Maureen suite à cet article et au dessin qui l'illustre. "On dirait que les lignes du carnet sont rangée sur la page d'en face".

Ranger les lignes.

C'est à ça que me servent les carnets. Ranger des lignes pour ensuite les déposer ici.

J'ai pris mon Pentel Sign Pen, un de mes outils préférés pour faire des lignes, j'ai fait des lignes et je les ai rangées sous le titre — d'ailleurs, avec Maureen et Benjamin, on parle de ce marqueur dans l'épisode de 3 de Amour Papier, notre podcast qui parle de notre amour du papier et de la papeterie.

Et pendant que je dessinais ces lignes droites, les lignes de ce post s'écrivaient dans ma tête. Alors je les dépose ici.

7 janvier 20214 Comments

Mémoire vide

Poster tous les jours mais essayer de ne pas raconter les mêmes histoires. C'est ça l'idée, mais j'ai quand même l'impression que c'est ce qui va se passer pendant un temps, puisque je suis encore dans l'expérimentation de cette nouvelle quotidienneté et que, ce qui m'anime surtout dans ce que j'écris ces jours-ci, c'est l'écriture.

Par contre, écrire tous les jours et risquer de raconter les mêmes choses, ça permet de trouver des pattern, des motifs, des répétitions, dans ce qui nous trotte dans la tête. Et ce matin, je me suis rendu compte qu'un sujet dont je parle très souvent, c'est la mémoire. Et surtout celle que je n'ai pas.

Déjà dans dans l'article d'hier, ensuite dans un petit article que j'ai écrit pour le nouveau magazine Sirop (que je posterai ici bientôt), sinon je tombe régulièrement sur la phrase "Je n'ai pas de mémoire" en rouvrant des Morning Pages au hasard, et puis j'ai un petit projet de tatouage / jeu de mot avec "mémoire" depuis un moment — heureusement que je l'ai noté dans un carnet.

Je posterai bientôt l'article du Sirop.

J'ai même un jour acheté le roman d'un auteur italien que je ne connaissais pas simplement parce qu'il s'intitulait "Mémoire du vide". En le consultant ce matin après avoir écrit avec mon café (enfin, j'ai écrit avec mon stylo, mais je buvais du café pendant l'acte) j'ai retrouvé un marque page à l'intérieur. C'était la carte de l'école maternelle de Léon, quand nous habitions encore à Bruxelles, ce qui me permet de dater avec la précision du carbone 14 (c'est à dire à 40 ans près) que cette histoire de mémoire me turlupine déjà depuis 2009 ou 2010.

Parmi les Morning Pages que j'ai consulté ce matin et qui parlaient de mémoire, j'ai retrouvé cette phrase, notée il y a quelque mois:

C'est triste d'attendre qu'elles s'effacent des mémoires pour vouloir se souvenir des belles choses.

Alors écrivons les belles choses et peut-être qu'un jour ira s'y réfugier.

6 janvier 20213 Comments

Parfois j’oublie d’écrire et ça me tue

Hier soir j'ai eu une idée de post pour aujourd'hui. Je me souviens simplement m'être dit Ça serait trop cool d'écrire là dessus mais j'ai eu la flemme de me lever et de prendre mon carnet pour la noter.

Donc je l'ai oubliée parce que — c'est un fait avéré — je n'ai aucune mémoire.

C'est vraiment dommage parce je suis carrément le gars qui répète à l'envi aux copaines de tout noter, tout le temps, parce que la tête elle est faite pour inventer des idées et pas pour les stocker. Donc il faut faire de la place et tout sortir.

À l'inverse, j'ai un vague souvenir, qui doit dater des débuts de notre studio de design graphique PLMD (pleaseletmedesign) vers 2005 — j'ai une très mauvaise mémoire — quand on partageait un bureau avec le photographe Grégory Derkenne, avoir été étonné qu'il ne sorte jamais de carnets ni ne prenne aucune note quand on se retrouvait autour de nos nombreux café pour discuter de tout, de projets, de rien.

Il m'a répondu un truc du genre — de mémoire — "Si j'ai une idée, elle est là (il me montre sa tête) et si elle est bonne elle restera".

J'imagine que chacun a la mémoire qu'il mérite et fonctionne à sa manière. D'ailleurs, là, je cherchais une chute à ce post mais je ne la trouvais pas, alors elle est arrivée par la radio, quand Sandrine Colette, l'invitée du matin dans Boomerang de Augustin Trapenard sur France Inter, dit:

Les mots c'est ce qui nous sauve

Sandrine Colette

Alors je prends ça comme une aubaine et je remixe.

Écrire c'est ce qui tue l'oubli.

5 janvier 20212 Comments

C’est en faisant des trucs qu’on fait des trucs

L'appartement dans lequel on a fait notre workshop

On a commencé à se voir durant l'été avec Degré Premier, parce qu'on avait envie d'écrire des choses (drôles, si possible, mais ça reste à voir) et puis Maureen nous a rejoint en octobre. On a un projet en cours, qui porte le doux nom de code de RDM, mais les sessions n'étaient pas régulières et on passait surtout notre temps à parler, prendre quelques notes, mais pas vraiment "écrire".

Et puis hier on a relancé une session, une sorte de workshop, sur deux jours.

On a commencé comme d'habitude, surtout parler durant les deux ou ou trois premières heures, brainstormer, remettre en question l'idée de RDM, douter et donc en pitcher d'autres.

C'est compliqué l'écriture à plusieurs quand on ne l'a jamais fait. On se tourne autour, on s'observe sans forcément prendre des notes, on est encore timide dans ce qu'on propose aux autres, même si on se connait toustes très bien, et ça ne fonctionnait pas vraiment. C'était pas foufou. Comme pour toutes les premières fois finalement.

Ce n'est que quand on s'est dit Allez, maintenant on y va, on se sort les carnets du sac, on s'invente des exercices, on écrit "physiquement" durant 5 minutes sur un sujet et puis on on se lit des trucs. Et on a refait ça plusieurs fois, sur plusieurs sujets, tout est à jeter, mais c'est à ce moment-là que ça a réellement démarré.

Je le savais pourtant, que ce n'était que comme ça que ça pouvait marcher, pour avoir des idées et de la matière. Mais il a fallu un peu de temps pour que ça s'enclenche.

Il n'y a pas de secret, c'est en faisant qu'on fait. J'avais déjà parlé d'un truc comme ça dans cette petite lettre numéro 26:

"C'est en faisant qu'on fait des trucs".
Je viens de relire cette phrase. Ça ne veut rien dire. Mais je la laisse quand même parce que c'est un début. C'est le moment où on remet la machine en marche. C'est une nouvelle première fois. Et c'est toujours nul la première fois. Et il y en aura d'autres, des nouvelles premières fois.

Matérialiser ses idées sur du papier, dans un carnet, sous forme de mots ou de dessins, c'est l'unique manière de les faire exister, sinon elles restent floues, dans cet espèce de magma cotonneux qui flotte au milieu d'un cerveau qui doit déjà gérer pas mal de chaos, et je ne pensais pas que j'arriverai à finir cette phrase en la rendant compréhensible, mais l'est-elle vvraiment?

Quoi qu'il en soit, on est revenu sur le projet RDM et ça nous a permis de décoincer des choses. On aime toujours l'idée, on continue à écrire les séquences, on se refait une session dans les prochains jours et on se réjouit de passer à la phase de production pour sortir ça.

Donc allez-y, sortez-vous les carnets du sac, inventez-vous des exercices, mais surtout écrivez physiquement et publiez des trucs.

4 janvier 2021No Comments

Plus important que d’avoir plein de temps

Hier j'ai posté ici avec le petit espoir de pouvoir le faire tous les jours. Juste un peu. Juste quelques mots, un peu, en petit, plutôt que de me sentir coincé par devoir poster fort ou beaucoup.

Alors effectivement le premier truc qui me vient c'est comment poster ici tous les jours alors que tu n'arrives même pas à envoyer ta petite lettre hebdomadaire toutes les deux semaines? Je n'ai pas la réponse mais c'est peut-être un début de solution. Peut-être que quelques mots tous les jours, ça fait une petite lettre toutes les semaines.

Depuis que ce blog existe ça a toujours été le projet. Publier quotidiennement, même petit. Je crois que c'était il y a 5 ou 6 ans en découvrant le site de Seth Godin, qui publie un article tous les jours, petit ou grand, que cette envie est née.

J'ai écrit quelques fois par-ci par-là, mais c'était à côté d'autres choses.

The work you do while you procrastinate is probably the work you should be doing for the rest of your life.

Jessica Hische

Très connue sur Pinterest cette citation.

Alors je ne pense pas que je vais arrêter tout le reste mais je voudrais que cet à côté fasse vraiment partie de ce que je fais au quotidien, que ce soit dans la musique, le dessin, le graphisme, le podcast ou je ne sais pas quoi d'autre.

C'est aussi ce que Juliette — Je ne sais pas choisir — Becquart a fait quand, après plus de 5 ans en entreprise, elle a quitté le confort d’un CDI pour se lancer en freelance. Elle est aujourd’hui photographe pour différentes marques et agences et prend le temps de s'occuper de sa famille, ses plantes, ses photos et son blog (qui existe depuis 2007).

Establishing and keeping a routine can be even more important than having a lot of time.

Austin Kleon

Faire de l'écriture une routine, c'est déjà le cas avec les Morning Pages mais "écrire et publier", ce n'est pas encore le cas et c'est un processus que je veux mettre en place dès maintenant. Si en plus ça me permet de faciliter la publication de la petite lettre c'est gagnant-gagnant. Je vais en faire une expérimentation, poster quotidiennement pendant au moins 21 jours (chiffre choisi au hasard) et puis je verrai où ça nous mène.

On se cherche tous, toujours, tout le temps, partout, et il n'est jamais trop tard pour se trouver.

29 mai 2020No Comments

Bobin

Le virus Bobin se propage dedans moi.

Les livres de Bobin sont à la fois très fins et très épais. Une centaine de pages seulement mais dans lesquelles chaque phrase contient une centaine de couches. Comme un oignon. Un gros oignon. De la taille d'un cœur humain.

J'ai passé cette semaine à Laval, en studio avec It It Anita, entouré de 4 ou 5 de ses livres dans lesquels je m'arrêtais quelques minutes, au hasard de celui qui me tombait sous la main, dans lesquels je picorais des mots.

Je suis toujours passé à côté de cet auteur parce que je le confondais avec Japrisot. Je ne sais pas pourquoi. Sans doute je confondais "Un long dimanche de fiançailles" et "Une petite robe de fête". Et les longs dimanches de fiançailles c'est pas trop mon truc. Enfin je crois. Je sais pas. Peut-être ça dépend des dimanches, des fiancés, de la robe et de la fête.

"Écrire, c'est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l'ouvrir"

— Christian Bobin

Et moi, les portes que je connais le mieux c'est les portières de bagnole. Parce que j'ai grandi dans un garage. Un vrai garage, avec des voitures démontées et des taches d'huile au sol. Alors forcément quand, en novembre dernier, après un concert à Nantes, on rentre pour dormir et que je vois une portière sur un divan, je la prends en photo. Ceci dit, la cocasserie de déposer une portière sur un divan, dans le salon d'un appartement nantais, m'aurait quand même poussé à la photographier, même si j'avais grandi dans une pépinière ou un ruche.

Merci Taïla pour Bobin. Merci Nantes pour la photo. Merci Papa pour les taches d'huile.

Lire Christian Bobin c'est remonter à la surface, prendre une respiration pour ensuite replonger dedans soi.

12 décembre 2019No Comments

Écris-moi cette histoire. Une bouteille.

J'ai posté ce dessin avec un "Écris-moi cette histoire" et Fanny (qui écrit des livres) l'a fait.

Écris-moi cette histoire

Ça te fait mal de me regarder me retourner la tête au cani du coin ? Au blanc limé dès huit heures du matin? Ça te fait violence de me regarder picoler ? Elle est où la violence, là?
Sans doute que le spectacle n’est pas beau à voir. Je dois avouer, je ne me suis pas regardé depuis… Je ne sais même plus. Cela doit faire quelques années. Pas beau à voir, hein ? Pas vrai? Baisse pas les yeux, c’est pire. Regarde-moi. Regarde-moi, je te dis. Tu sais quoi ? Je vais le faire. Pour toi : me regarder dans le petit miroir plein de tâches de pisse des chiottes. Je vais le faire pour toi. Me regarder en face. Dans l’espace exigu des chiottes. Sur le miroir cassé. Cassé et sale.
C’est vrai. C’est moche. Ce reflet, là. Découpé en petits morceaux de miroir et tacheté de pisse desséchée, il n’est pas beau à voir. Je te le concède. Mon reflet me dégoûte. Il n’y a rien d’harmonieux.
Tout est laid.
Tout est triste.
Triste comme l’image d’un vieux qui picole tous les jours depuis quinze ans.
Laid comme peut l’être celui qui tourne au blanc limé toute la journée. Toutes les journées.
Imbibé.
Détruit.
Un débris.
Mais tu vois, j’arrive pourtant à me regarder. Je me tiens face au miroir depuis un long moment déjà. Je soutiens mon regard. J’accepte les yeux vitreux, les rides et les creux, le teint jauni, le double-menton qui tombe.
Tu sais pourquoi j’accepte de me regarder ?
Quand je vois mes yeux, ce sont les siens que je regarde.
Elle était comme moi. Pas mieux. Pas pire. On n’était pas des beautés tous les deux, mais on s’aimait simplement, entre deux coups de blanc. Elle me racontait des mots d’amour, elle embrassait mes lèvres desséchées. Elle serrait contre son visage ma tête de vieux clown triste. Elle enlevait les pellicules qui tombaient sur mes épaules. De l’amour, je te dis.
Tellement d’amour que c’était trop.
On n’emmerdait personne, on espérait qu’on nous oublierait là. Pour les petites gens, le plus petit des bonheurs, c’est déjà trop beau pour qu’on nous le laisse. Notre amour de tous les jours, la vie, ça l’a fait chier de le voir. Elle voulait qu’on en bave, le plus possible. Alors on me l’a prise, ma moitié de verre plein, ma moitié des jours gris, ma moitié d’amour. Elle a disparu au fond d’un grand trou qu’il a. fallu reboucher. Malgré mes cris. Malgré mes pleurs.
Ce jour-là, j’ai arrêté de me regarder.
Je suis entré dans ce bistro miteux. J’ai bu. Je bois encore. Et je dois supporter vos regards désapprobateurs. Je dois souffrir vos remarques de bien-pensants.
Mais tu sais, j’en ai rien à foutre de te dégoûter. Tu peux détourner les yeux tant que tu veux.
Pour moi, la vraie violence, c’est qu’il n’y ait plus qu’un verre à côté de cette bouteille.


Tu peux retrouver Fanny et ses écrits sur Instagram.
Si t'as kiffé tu peux laisser un commentaire sous ce post Instagram ou sous ce Tweet.

11 décembre 2019No Comments

La somme de demain

Depuis mon adolescence, j'ai toujours été attiré par toutes les formes modernes d'écritures, les contraintes de l'Oulipo, les répétitions absurdes, les jeux graphiques des mots et des lettres et puis les chansons, les romans, les histoires, les trucs et tout reste.

Mais très peu de poésie, dans le sens classique du terme. Et là, depuis plusieurs semaines, je ne sais pas pourquoi mais je suis souvent confronté à cette forme, nouvelle pour moi. Alors je cherche et je lis.

J'en parlais déjà un peu dans la petite lettre #22, j'ai eu des retours de Anne-Lise (ça sera le sujet d'un prochain post) et Simon et puis le dernier livre que j'ai relu, La Lettre à Helga, en était parsemé. Il y a un truc à faire avec ça, mais je sais pas encore quoi.

Quoiqu'il en soit, j'ai un peu creusé dans des morceaux de ma mémoire, et le premier poème dont je me souviens, sans avoir dû l'apprendre par cœur — il avait été publié dans un magazine genre Echo des Savanes ou Fluide Glacial il y a 25 ans — et que je peux encore réciter aujourd'hui c'est:

Donne moi la somme de tes doigts je te donnerai une main
Donne moi la somme de tes mains et je te donnerai demain
Mais en attendant demain
Laisse moi faire un somme

— Je ne sais plus

Voilà, si tu connais ‪l’aut·eu·r·ice‬ n'hésite pas à me le dire. Et si t'as des poèmes préférés, balance moi un tweet.

30 juillet 2018No Comments

La main qui tient la clope, c’est pas sa main. 2018-07-30

Ça fait trop longtemps que tu ne sais plus quoi écrire ici. C’est pourtant simple, c’est juste une habitude, un travail, un truc à faire tous les jours, tu te pointes, t’écris deux ou trois conneries, tu postes et puis tu te barres. Showing up comme disent les américains. Just showing up. Viens. Écris. Va. Et vois. Après. OK?
OK mais demain. Et en attendant demain, j’écris rien.

25 juin 2017No Comments

Dimanche écrire.

Je me suis levé à 6:00 en même temps que Céline. Pour elle c’est routine, 6:00 un dimanche. Elle a ouvert il y a presque deux ans un espresso bar qui fait des petit-dej’ AUSSI le dimanche. Donc forcément c’est debout tôt. Donc forcément je me lève en même temps qu’elle et je me prépare un café tout dimanchement. Cette semaine j’avais un objectif au bout de ce tôt-réveil: écrire. Je ne savais pas encore quoi exactement, mais j’avais plein de trucs en tête qu’il fallait que j’écrive. Une petite histoire sur la genèse du nouveau projet HOMD.SPACE sorti de nulle part. La rencontre virtuelle qui a précipité la sortie sur Luik Records du premier single et bientôt l’album de l’espagnol J. VEGA. Mes cinq mois sans alcool. Les six premiers mois d’un nouveau système de journal inspiré de plusieurs autres "système de journal". Les sept minutes durant lesquelles le café coule. Bref plein de trucs à dire. Et ça y est je suis devant l’ordi, ma main droite tient la tasse l’autre est posée sur le clavier, iA Writer est ouvert avec un nouveau document bien blanc, prêt à recevoir de nouveaux mots.

J’ai cette mauvaise habitude de laisser les doigts de ma main gauche, quand ils sont au repos et que je fixe mon écran, sur les touches CMD et TAB du clavier. Le pouce sur CMD et l’index sur TAB. Sur Mac, c’est la commande qui permet de changer d’application en un clin d’oeil - c’est ALT + TAB sur Windows. Je suis donc à deux doigts de m’enfuir. Littéralement. À deux doigts d’esquiver cette tâche pour laquelle j’ai déjà fait un gros effort: me lever à 6:00 un dimanche matin. Faut vraiment avoir envie d’écrire. Mais j’ai eu un sursaut de flemme. Ou de peur. Peur de ne pas savoir par quoi commencer, peur de ne pas savoir quoi raconter. Alors j’ai ordonné à mon tout petit cerveau d’actionner les tout petits muscles qui animent mes tout petits doigts et ils ont pressé CMD + TAB. Changement d’application. Finder. Je vais dans mon dossier « Writing » (oui, en anglais, parce que - je ne sais pas) et je pars à la recherche de début d’idées d’articles, des bouts de phrases jetées dans des « point-textes.txt », des « non-document.doc », des « idee.md ». Je traine 15 minutes, je relis de vieux trucs. Rien d’intéressant. Je re-CMD + TAB.
Je me retrouve cette fois sur Chrome. Ça a pris une fraction de seconde et je sens que la fin est proche. Je suis prêt à taper les premières lettres d’adieu. Les lettres de ma mise à mort. De la mise à mort de cet excès de motivation (ou de zèle). Les navigateurs modernes permettent d’esquiver les acrobatiques « http://www. » et je passe direct à l’épellation de la première moitié du nom avec ma main gauche f, a, c, e et j’enchaine direct, droite, b, o, o, k.
Voilà, c’est foutu, qu’est ce que je m’imagine, que Facebook à 6:30 du matin c’est cool? Que je vais « apprendre » de nouveaux trucs et que c'est plus important que de bosser sur mon propre taf. Bah non, en fait je me suis bien fait avoir. J’ai juste perdu mon temps à lire et regarder n’importe quoi. J’ai encore manqué une occasion d’écrire. Et mon café est froid.

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