Depuis le 21 novembre 2019, j'ai tenté de prendre une nouvelle habitude. Tout noter et tout écrire — enfin, le plus possible — tous les jours. Quelques extraits ont trainé sur Instagram ou dans ce précédent article et j'ai réussi à garder le rythme, de faire un peu, parfois beaucoup, mais tous les jours.
C'était aussi l'occasion de tester un nouveau modèle de carnets, le Zequenz, qui a un format intermédiaire, que je n'ai pas pu retrouver chez Moleskine ou Leuchtturm1917, tant dans la taille (plus ou moins 18cm x 12cm) que dans le nombre de pages (280).
La dernière entrée date du 9 février 2020, ça équivaut à 80 jours. Et 80 jours c'est une bonne durée pour faire le tour d'un carnet comme pour faire le tour du monde selon Jules Vernes. Deux mois et 18 jours pour remplir 280 pages de collages, de petits textes, de comptes rendus, de mes journées, de petits poèmes mais surtouts beaucoup de dessins de tasse de café, voire même une tentative de dessin avec du café.
J'ajoute le tag #noteback ici en dessous et je posterai sans doute plus régulièrement des extraits de cette nouvelle pratique, que je mets en place surtout pour me souvenir de choses, parce que finalement c'est vraiment ça l'enjeu, la mémoire (et le tour du monde).
Voilà quelques extraits du carnet que je viens de finir. Le nouveau est déjà bien entamé.
T'as remarqué que #noteback c'est un jeu de mot avec Notebook et Back, comme si on était en train de looking back dans les notebooks?
Je ne savais pas combien de "trucs" mettre dans cette liste alors je me suis dit que 2019, c'était 20 et 19 et que 20 + 19 ça fait 39. Voilà un petit retour en arrière et 39 petites combines de 2019.
9. Tu la vois?
Je me suis réveillé avec un feu de bois le 1er janvier 2019.
J'ai trouvé une cacahuète avec 4 cacahuètes dedans mais je n'ai pas pensé à la photographier. Il faut l'imaginer.
Après m'être fait voler mon sac à Barcelone en novembre 2018 j'ai dû me racheter un agenda. Après quelques recherches, j'ai découvert le Hobonichi Techo, fabriqué par une compagnie japonaise, un peu cher à faire venir jusqu'ici mais de tellement bonne qualité et conçu de manière intelligente qu'il m'est devenu indispensable.
Une de mes obsessions c'est les systèmes d'organisation et de gestion du temps — alors que je suis le mec le plus désorganisé et toujours en retard. Le 3 janvier 2019 j'ai créé un système de planning fait de 12 blocs de 25 minutes. Je ne l'ai jamais appliqué mais j'ai quand même l'impression d'avoir été un peu plus organisé et moins en retard en 2019.
Mes parents sont venus me voir sur scène pour la première fois en six ans. Apparement ils s'étaient fait une mauvaise image de cette "musique de sauvage" puisque ma mère est venue nous voir à nouveau six mois plus tard.
Depuis octobre 2019, une partie de la team Luik Music (notre label, agence de management et de booking) est salariée à temps partiel et c'est achievement assez important dans la vie d'une structure indépendante comme la nôtre.
On a d'ailleurs bossé sur onze sorties dont on est très fiers.
J'ai eu la chance d'être entouré d'une équipe incroyable au sein du label et de l'agence et on prépare une année 2020 de feu.
Cinq groupes de la Luik Fambly ont joué aux Nuits Botanique. C'était quand même pas mal.
Et puis quatre groupes au festival de Dour, c'est pas mal non plus.
Céline règle tellement bien son Spotify que je découvre chaque semaine des super morceaux grâce à elle. Certaines choses se retrouvent et se retrouveront encore dans nos Luikster shows.
La veille de mon anniversaire mes amis sont venu chez moi avec des souvenirs d'enfance, d'adolescence ou de "pré-adultat" et on beaucoup rigolé.
C'est le nombre de pizzas qu'on a commandé pour nous tous, ce soir là (17).
Ah oui j'ai eu 40 ans.
Et j'ai passé ce cap dans le van, en roulant vers Tulle (FR) avec It It Anita.
Le 17 juillet, avec Céline et les kids, nous étions sur la route des vacances et durant notre halte à Bordeaux, grâce à des phénomènes astro-météorologiques favorables, nous avons pu observer Saturne à l'oeil nu. Saturne, la planète.
Deux jours plus tard nous étions dans une cabane en bois en plein milieu du désert espagnol, à 30 minutes en 4x4 de la première ville et c'était très calme, il y avait uniquement des livres, un hamac, le soleil et nous.
Par contre j'ai lu La Lettre à Helga pour la deuxième fois. Ça ne m'arrive pas souvent de lire des livres deux fois, j'ai déjà pas le temps de les lire une seule fois, ça méritait d'être noté.
Léon a commencé l'année en étant toujours un petit garçon, même s'il était "chez les plus grands" dans son école primaire. En septembre, il est passé en première secondaire, il est devenu un pré-ado autonome qui prend le bus tout seul pour aller faire du skate en ville avec ses potes. Le passage d'un "Léon" à l'autre a été assez brusque.
Véga, elle, n'a pas encore changé d'école et elle me fait toujours super rire avec son humour absurde, je me demande de qui elle tient ça.
Avec Pierre et Gil on a enregistré un épisode de Amour, Gloire & Chips "en live", avec du public! C'était avec Greg, qui animait un autre podcast: Ponk.
On a d'ailleurs investi dans du matériel plus mobile et on a recommencé à être réguliers dans la sortie des épisodes.
Le 31 octobre 2019, durant l'enregistrement d'un épisode de avec Fanny Ruwet, j'ai décidé d'arrêter de boire de l'alcool. Pour la coïncidence de calendrier c'était aussi un 31 octobre, en 2015, que j'ai décidé d'arrêter de manger de la viande — un an après avoir tenté un régime paléo rempli de viande.
J'ai vu Fleabag et j'ai dit dans cet épisode que "c'était la meilleure série de ces 10 dernières années" mais il paraît que ça se dit pas alors que je le pense très fort.
En novembre j'ai recommencé à envoyer Ma Petite Lettre après 18 mois.
J'ai aussi recommencé à écrire des petites lettres en vrai, avec un stylo bille, du papier, un timbre et un envoi postal. C'est un autre rapport au temps, aussi intéressant. D'ailleurs tu peux m'envoyer un courrier au 9, boulevard de l'Est à 4020 Liège (Belgique) et je te répondrai.
J'ai également découvert un nouveau modèle de carnet — je voulais tester autre chose que le classique Moleskine — et le format, le nombre de page et la flexibilité du Zequenz (à peu près 18 x 12 cm, 280 pages) m'a permis de l'avoir avec moi constamment et de dessiner et d'écrire encore plus.
Le festival de design qu'on a monté en 2017, le Fig. Festival, s'est encore enrichi d'une super édition en février 2019 et celle qu'on prépare pour février 2020 s'annonce mirobolante.
Benjamin, graphiste et co-fondateur du Fig, s'est acheté une imprimante Riso et c'est également une des raisons pour lesquelles on a eu envie de relancer L'Amicale Books.
On est parti visiter Berlin en famille, une capitale à la fois paisible et surexcitée.
C'était un chouette voyage en train, d'à peu près 6h, et comme dit le proverbe que je viens d'inventer: "Outre la destination, le chemin c'est aussi bien, en train."
C'était le dernier jour de décembre, on a quitté Berlin vers 15:00 et après des retards de trains en cascade, on a failli passer notre réveillon dans un wagon entre Aachen (DE) et Welkenraedt (BE). On est finalement arrivé à la maison à 23:30 pour se faire des pâtes.
Et je me suis endormi avec le même feu de bois — voir point 1. — ce 31 décembre 2019. La vie n'est pas une ligne droite, c'est une boucle.
Toujours remettre en question son travail, c'est comme ça que ça marche. Toujours, tout le temps. Et parfois c'est usant. Et parfois on a fait le tour. Et parfois on s'emmerde.
D'une part, il y a tout le temps cette envie de créer de nouvelles choses, pour ne pas s'ennuyer nous-même, ou lasser les personnes qui nous qui nous suivent, nous font confiance et soutiennent notre travail.
D'autre part, pour cristalliser ces idées et tous ces trucs qu'on fait, il faut s'installer une routine. Un rituel. Dans le même cadre. Parce que les idées elles ne viennent pas toutes seules, elles viennent quand on leur prépare le terrain, en faisant tous les jours la même chose. Dans le même atelier ou le même bureau. Quand on boit le même café ou qu'on écrit dans le même carnet. Tous les jours, sans s'ennuyer.
Sophie Guerrive — autrice et illustratrice de la fantastique bande dessinée racontant les histoires simples et pleines d'amour de l'ours Tulipe et de ses amis — faisait part d'une réflexion à ce sujet ce matin-même. Et accompagnait son post d'un petit strip sur le sujet.
Pour vous faire une confidence, j'avais décidé que Tulipe et les Sorciers serait le dernier tome de la série. J'avais peur de me répéter, et je voulais tenter d'hasardeuses aventures plus intello et prestigieuses, le genre qui décroche de grosses bourses au CNL. Mais j'ai reçu de votre part, ici et là, tellement de messages de remerciement et d'encouragement que j'ai changé d'avis… Depuis quelques jours, je reprends doucement la série, toujours avec le même plaisir. Merci 💙💚💛
C'est vraiment pas un hasard si justement hier je suis retombé sur l'édito que nous avions écrit à quatre main (ou deux mains, si on écrit au stylo) avec la photographe belge Sarah Eechaut, en 2014, dans le livre "The First Time Forever" publié à L'Amicale Books. Ce travail collaboratif, sous forme de livre + poster + exposition, traitait du même sujet, de tous ces matins qui doivent être les mêmes (pour la routine), mais qui doivent être tous différents (pour ne pas s'ennuyer), nous donner l'impression d'être une première fois, tous les jours, pour toujours. The first time, forever.
Ce travail était basé sur le Conditional Design Manifesto, qui dans les grandes lignes, dit que "le process est aussi important que le produit lui-même".
As a photographer, designer or musician, we do the same things everyday. The way we see, do or think is our own. That’s what makes us who we are. But on the other hand, in our practice, we also need to constantly do things differently. Experiment. Evolve. It’s a kind of paradox. We do the same things every day but we also do them differently every day. Like a quest for something being new every time you do it. Waking up in the morning doing the same thing differently. Doing it for the first time, forever.
Conversation with Sarah Eechaut.
Et comme le hasard n'existe définitivement pas, aujourd'hui durant le déjeuner, on se demandait avec Céline comment un.e boulang.er.ère pouvait survivre en vendant uniquement de petites choses pour de petites sommes. On a conclu que le métier de la boulangerie était un métier dur, mais un beau métier. Et qu'il en faut. Ça n'a pas grand chose à voir avec tout ce que j'ai raconté plus haut, à l'exception que cette discussion avec Céline est arrivée au moment même où j'ai vu apparaître le dessin de Sophie, qui se termine par de la boulangerie, sur mon mur Facebook.
Et pour finir, comme tu es un peu attenti.f.ve, tu auras remarqué qu'on relance notre petite maison d'édition L'Amicale Books et le prochain objet publié sera la nouvelle édition du Monthly Planner qui avaient fait un carton en 2015. Une grille pour te faire ton agenda toi-même, imprimée par dessus le reste des livres de Nina Cosco et Géraldine Thiriart, imprimés chez nous il y a deux ans. Tu peux te le procurer ici, ou tu le reçois gratuitement si tu es un.e Patreon. Livraison prévue pour le 8 janvier 2020.
Dis-moi si tu aimes le pain ou les tulipes. Et voilà à quoi le Monthly Planner ressemblera.
On a eu une riche année, un peu charnière, au sein du label. On a travaillé très fort les sorties, le booking et le développement de nos groupes, on a sorti 11 petites perles en 12 mois. On peut même dire 13 perles, si on compte les sorties des premiers extraits d'albums prévus pour 2020, voire même 14 si on compte une ressortie "Deluxe".
Voilà une playlist avec ces derniers "tubes", mais aussi des anciens, qui retrace donc un peu l'histoire du label depuis 2015. Elle est ici.
Les sorties de cette année, dans l'ordre chronologique:
Pour soutenir la musique indépendante, va à des concerts et achète des disques et des t-shirt directement aux groupes, c'est un de leur seul moyen de survie (mais on ne va pas rentrer dans un débat sur le streaming).
Si tu ne peux pas te rendre à un concert tout de suite, tu peux toujours acheter des choses sur notre shop, ou soutenir de manière plus globale tout ce qu'on fait avec la famille (et dont je parle ici) via Patreon.
Non mais c'est quoi cette petite maison que tu dessines tout le temps, partout? Tout le monde sait dessiner ça, pourquoi tu t'obstines. C'est même comme ça que les enfants dessinent une maison, il n'y a pas de quoi en faire un compte Instagram.
C’était en 2017, le 2 janvier. Comme tous les 2 janvier on est soudain rempli d'une nouvelle énergie, une énergie qui excite, qui pousse à faire des choses, à imaginer de nouveaux projets et on avait pris le temps de ne rien faire. Rien faire ça ne veut pas dire qu'on ne fait rien. Ça veut dire qu'on fait des choses qu'on a envie de faire, sans se mettre de pression, sans "obligation de résultat" comme on le dit dans le code civil, alors j'ai pris une règle et j'ai fait ce dessin:
https://www.instagram.com/p/BOwYJ6ylCqZ/
J'aime bien les lames de mon plancher qui prolongent les lignes du sol et la pointe du toit.
Ça a dû être vraiment très important pour moi d'étudier ce dessin à l'époque. J'avais dû prendre ça très à cœur pour aller jusqu'à l'appeler "Étude 1". Peut-être me sentais-je en Maîtrise de dessin de petites maisons, avec un diplôme de dessin de petites maisons à la clé? Mais d'un autre côté, il m'a effectivement bien occupé ce dessin. Il y a eu des centaines d'autres "études" après celle-là. Une maison dans un carré, dans un rectangle, les murs plus ou moins hauts ou l'angle du toit plus ou moins obtus. Une recherche sur les proportions et la grille de construction, en tiers, en quarts, en sixièmes.
C'est finalement en allant rechercher mes enfants à l'école 6 mois plus tard que j'ai dessiné avec une craie qui trainait sur le sol cette version beta. Ce dessin, dans une grille en tiers, a donné naissance à la version 1. Tiens, regarde.
Bon, vu d'ici, ça semble un peu abusé ton truc. Mettre six mois à faire un dessin aussi naïf, on dirait qu'il est d'une perfection inouïe, qu'il est sacré et que c'est très important. On dirait que c'est une très grande chose. Alors que ce n'est qu'une petite maison.
Mais je n'y peux rien, c'est le propre des obsessions, des idées répétitives qui s'imposent d'elles-mêmes, bien qu'on reconnaisse que c'est carrément fou et qu'on soit les seuls à penser que c'est important.
Sinon, la marche à suivre pour construire cette version 1 — car ce n'est pas impossible qu'elle évolue vers une version 2 même si ça fait 3 ans qu'elle n'a pas bougé — n'est pas bien compliquée. Si tu veux t'amuser à retrouver les étapes, c'est assez simple, ça devrait te prendre une ou deux minutes.
https://www.instagram.com/p/BWM41DohZxx/
Une petite cerise sur ton gâteau. Ne prends pas à la légère les choses qui te semblent un peu inutiles ou anodines. Parfois ça va t'obséder, ou t'animer, pendant longtemps. C'est comme ça que le facteur Cheval à construit son palais, en ramassant des petits cailloux pendant 33 ans, en les fourrant dans ses poches durant ses tournées et en les disposant naïvement en forme de "Palais Idéal". Fais les choses d'abord pour toi, tu verras après pour la fortune et la célébrité.
Par contre je vais continuer à imprimer, dessiner, graver et fabriquer cette petite maison avec tout ce qui me passe dans les mains, et peut-être que je vais aussi la proposer à d'autres, pour qu'elle.il.s se l'approprient et n'en fassent qu'à leur tête.
Tu peux aller voir les débuts du projet et suivre la page Instagram HOMD.MDR et si tu as envie de dessiner des petites maisons, n'hésite pas et envoie-moi tes expérimentations.
Jeremy Walch est parti avant la fin du mix et donc on n'a pas eu le temps de faire une photo ensemble. Il est dessiné sur la cover de Scarlet, un peu plus bas, tu peux te l'imaginer.
Comme tous les mois on a nos deux petites heures "Luikster" de mix à The Word Radio. On se fait un petit plaisir, parfois solitaire, parfois à deux ou trois, et on se lance des morceaux de musique — en vinyle ou en numérique — qu'on a découvert ces dernières semaines ou simplement parce qu'on a envie de la passer.
Sur cette session, commencée en solo, j'ai eu l'immense joie de voir débarquer Jeremy Walch et sa clé USB après presque une heure et demie d'émission, ce qui m'a permis d'aller faire pipi, de refaire du café, de compléter ma sélection parce que je n'étais pas très sûr d'avoir pris assez de musique avec moi pour tenir deux heures entières et surtout, revoir sa petite bouille parce que ça faisait un bail qu'on ne s'était plus revu.
Je profite de son incursion pour rappeler que le jeune homme a sorti cette année un super album chez nous, Scarlet, et que tu peux l'écouter partout ou — encore mieux en cette période de cadeaux — soutenir un label indépendant et te le procurer sur le webshop de Luik Music.
Si t'as découvert des trucs cools grace à ce mix (c'est un peu le but caché) ou justement tu connaissais déjà tout mais que tu veux nous faire découvrir de la musique, Twitter, Instagram, Facebook, commentaire ou mail, tout est ouvert.
Dans l’épisode 15 de Amour, Gloire & Chips, on recevait Cécile Barraud de Lagerie, qui, entre autres choses, collectionne les couleurs. Elle nous a expliqué dans l’épisode qu’elle a notamment une boîte avec une collection de fourchettes de friterie qui contient plus de 250 nuances différentes.
Elle était en plein déménagement ce week-end, elle a retrouvé sa collection et elle s’est empressée de nous en envoyer des photos pour raviver le souvenir du podcast.
C’était déjà étonnant de s’imaginer qu’il y avait plus que 15 ou 20 couleurs différentes mais le fait de les voir en vrai (enfin, en photo dans ce cas-ci), ça rend l’histoire encore plus spectaculaire.
Tu peux écouter l’épisode sur ton application de podcast préférée en cliquant ici. Et n’hésite pas à me parler de tes collections et obsessions sous cette publication Instagram ou sur Twitter, parce qu’on est obsédés par les obsessions.
Le truc cool quand tu fais tout le temps des photos de trucs qui paraissent sans intérêt, comme ce marquage au sol qui ressemble à tous les marquages au sol du monde, c'est que ça permet d'avoir une grosse citerne remplie d'image et de aller puiser dedans quand t'as besoin d'une idée.
Bon, après, raison gardons, elle n'est pas non plus complètement folle cette photo. C'est juste une photo d'une flèche jaune dans un parking (on tournait en Espagne avec It It Anita, fin 2018, avec Shht). Mais prendre la peine et le temps et l'argent de faire ces photos sans intérêt en argentique avec un petit appareil compact — un Olympus Mju-II et de la pellicule Kodak Portra 400 — ça leur donne un cachet, un texture, un grain, une déformation, qui peut-être un jour leur donneront un intérêt.
Et puis un jour Alain, le batteur de The Brums (Luik Music — album bientôt) nous demande si on a pas une idée pour la cover du premier single digital de son projet solo, Bothlane (drums + modular synth, à lui tout seul), je fouille vite fait dans mon dossier Photo / Brutes et cette photo, avec laquelle je ne pensais jamais rien faire, se révèle être en parfaite adéquation avec le projet et le morceau.
Les liens que j'ai trouvé marrant entre le son et l'image, des petites choses sans importance, c'est notamment les deux directions indiquées par la flèche, les deux chemins, both lanes (bon ok, il y en a trois). Et puis il y a aussi le caractère jaune et rayé et piquant, qui rappelle le frelon, hornet. Je ne vais pas parler de l'aspect vaisseau de l'espace qui était la raison pour laquelle j'ai pris cette photo au départ, mais ça peut coller aussi, à l'écoute du morceau.
Une petite cerise sur ton gâteau. N'hésite pas à te trimballer non-stop avec un carnet, petit, grand, large, ligné, pas ligné, et note tout, tout le temps, fais des dessins ou écris des phrases avec des mots ou fais des photos avec ton téléphone ou un n'importe quoi, pour ne pas oublier des choses. Peut-être un jour ça te débloquera une idée. Ou simplement la veille de ta mort tu te souviendras en retrouvant ton carnet qu'un chien déguisé en chef de gare t'avait fait trop marrer!
Pour en revenir à Bothlane, tu pourras te faire ta propre idée et l'écouter dès ce dimanche. Le clip est vraiment super et sans vouloir spoiler, juste un peu teaser, je dirai juste deux mots: danse contemporaine. Avant ça, tu peux déjà pré-sauvegarder "Hornet" dans ta bibliothèque musicale préférée en suivant ce lien: https://ffm.to/hornet Et pour les Patrons, le clip est déjà visible en exclu. Si tu veux soutenir tout ce qu'on fait avec Luik Music et le podcast Amour, Gloire & Chips, et voir le clip, voilà le Patreon de l'amour: http://bit.ly/MERCIMERCI
Parle-moi sur Twitter ou Instagram pour me dire si tu vois d'autres choses dans cette image.
J'ai posté ce dessin avec un "Écris-moi cette histoire" et Fanny (qui écrit des livres) l'a fait.
Ça te fait mal de me regarder me retourner la tête au cani du coin ? Au blanc limé dès huit heures du matin? Ça te fait violence de me regarder picoler ? Elle est où la violence, là? Sans doute que le spectacle n’est pas beau à voir. Je dois avouer, je ne me suis pas regardé depuis… Je ne sais même plus. Cela doit faire quelques années. Pas beau à voir, hein ? Pas vrai? Baisse pas les yeux, c’est pire. Regarde-moi. Regarde-moi, je te dis. Tu sais quoi ? Je vais le faire. Pour toi : me regarder dans le petit miroir plein de tâches de pisse des chiottes. Je vais le faire pour toi. Me regarder en face. Dans l’espace exigu des chiottes. Sur le miroir cassé. Cassé et sale. C’est vrai. C’est moche. Ce reflet, là. Découpé en petits morceaux de miroir et tacheté de pisse desséchée, il n’est pas beau à voir. Je te le concède. Mon reflet me dégoûte. Il n’y a rien d’harmonieux. Tout est laid. Tout est triste. Triste comme l’image d’un vieux qui picole tous les jours depuis quinze ans. Laid comme peut l’être celui qui tourne au blanc limé toute la journée. Toutes les journées. Imbibé. Détruit. Un débris. Mais tu vois, j’arrive pourtant à me regarder. Je me tiens face au miroir depuis un long moment déjà. Je soutiens mon regard. J’accepte les yeux vitreux, les rides et les creux, le teint jauni, le double-menton qui tombe. Tu sais pourquoi j’accepte de me regarder ? Quand je vois mes yeux, ce sont les siens que je regarde. Elle était comme moi. Pas mieux. Pas pire. On n’était pas des beautés tous les deux, mais on s’aimait simplement, entre deux coups de blanc. Elle me racontait des mots d’amour, elle embrassait mes lèvres desséchées. Elle serrait contre son visage ma tête de vieux clown triste. Elle enlevait les pellicules qui tombaient sur mes épaules. De l’amour, je te dis. Tellement d’amour que c’était trop. On n’emmerdait personne, on espérait qu’on nous oublierait là. Pour les petites gens, le plus petit des bonheurs, c’est déjà trop beau pour qu’on nous le laisse. Notre amour de tous les jours, la vie, ça l’a fait chier de le voir. Elle voulait qu’on en bave, le plus possible. Alors on me l’a prise, ma moitié de verre plein, ma moitié des jours gris, ma moitié d’amour. Elle a disparu au fond d’un grand trou qu’il a. fallu reboucher. Malgré mes cris. Malgré mes pleurs. Ce jour-là, j’ai arrêté de me regarder. Je suis entré dans ce bistro miteux. J’ai bu. Je bois encore. Et je dois supporter vos regards désapprobateurs. Je dois souffrir vos remarques de bien-pensants. Mais tu sais, j’en ai rien à foutre de te dégoûter. Tu peux détourner les yeux tant que tu veux. Pour moi, la vraie violence, c’est qu’il n’y ait plus qu’un verre à côté de cette bouteille.
Depuis mon adolescence, j'ai toujours été attiré par toutes les formes modernes d'écritures, les contraintes de l'Oulipo, les répétitions absurdes, les jeux graphiques des mots et des lettres et puis les chansons, les romans, les histoires, les trucs et tout reste.
Mais très peu de poésie, dans le sens classique du terme. Et là, depuis plusieurs semaines, je ne sais pas pourquoi mais je suis souvent confronté à cette forme, nouvelle pour moi. Alors je cherche et je lis.
J'en parlais déjà un peu dans la petite lettre #22, j'ai eu des retours de Anne-Lise (ça sera le sujet d'un prochain post) et Simon et puis le dernier livre que j'ai relu, La Lettre à Helga, en était parsemé. Il y a un truc à faire avec ça, mais je sais pas encore quoi.
Quoiqu'il en soit, j'ai un peu creusé dans des morceaux de ma mémoire, et le premier poème dont je me souviens, sans avoir dû l'apprendre par cœur — il avait été publié dans un magazine genre Echo des Savanes ou Fluide Glacial il y a 25 ans — et que je peux encore réciter aujourd'hui c'est:
Donne moi la somme de tes doigts je te donnerai une main Donne moi la somme de tes mains et je te donnerai demain Mais en attendant demain Laisse moi faire un somme
— Je ne sais plus
Voilà, si tu connais l’aut·eu·r·ice n'hésite pas à me le dire. Et si t'as des poèmes préférés, balance moi un tweet.